dimanche 8 janvier 2017

D72. SD1 Lettre du consul au ministre (royaume de Pologne)

Lettre non datée du consul Anatole Brenier* au ministre des Affaires étrangères Mathieu Molé*, à propos de la situation dans le royaume de Pologne

  
Classement : histoire des relations franco-polonaises ; documents
Thème : royaume de Pologne





Je transcris ci-dessous le texte d’un document du Centre des Archives diplomatiques de Nantes, inclus dans les archives du poste de Varsovie, fonds 722 PO/1, dossier 1 (1828-1838), soixante-douzième document.

Présentation
Il s’agit d’un brouillon.

Texte
Les sauts de lignes dans l'original sont indiqués par le symbole « / ».
Les astérisques sont des appels de notes.
En italique, les remarques de service portées par le destinataire de la lettre.

« M° le Comte
Le langage de quelques / hommes personnages et l’annonce / d’un voyage de que l’Empereur* ferait / au mois de Mai à Varsovie / me porterait à croire que le / Gt Russe a l’intention de xx / relâcher du système rigoureux / qu’il avec lequel il a exercé le pouvoir en / Pologne depuis la révolution. Le Mal P.* le premier instrument / des volontés de l’Empereur est a / été aussi le premier à solliciter / un adoucissement au châtiment / cruel qui a réduit en 6 années / le peuple Polonais à un état / de souffrances et de misère dont / il est difficile de donner une idée. Ce Peuple a   certainemt les vices / qui contribuent aussi à ses / maux, mais la vérité doit parler / et dire que xxx l’esprit de vengeance / et de représailles le plus habile / a xxxx sur cette malheureuse / contrée. Les Russes xx le xxx On a attaqué la / nationalité dans ce qu’elle a de / plus sensible, l’éducation, le langage les usages, on a voulu / substituer introduire ici la langue, les mœurs, le calendrier Russes et jusqu'aux / attelages de voiture.

[en marge, perpendiculairement]
Je n’entends que des plaintes étouffées. Un des moyens les plus puissants employés par le Gouvt Russe / pour ôter à nos aux esprits tout aliment à la résistance est la prohibition la plus absolue pour tout ouvrage / littéraire, historique de quelque nature qu’il soit, qui paraisse à l’étranger. Quelques journaux font / exception ; mais la sévérité de la Censure s’exerce avec une surveillance telle que les xxxxxxxxxx xxxxxx / ayant trait à la Politique Impériale ou à des sujets sur les quels l’Empereur
souvent les articles les plus indifférents sont biffés et supprimés. L’E à ce sujet je rappellerai à V Ex. / qu’elle m’avait chargée à mon départ de Paris de m’informer s’il y avait quelque moyen de faire / pénétrer en Pologne soit des journaux, soit des écrits que le gouvernt du Roi aurait intérêt à y envoyer. / Il n’en existe d’autre que celui de la Contrebande qui se fait d’une manière active.


Feuillet 2

[Suite de la note en marge du feuillet 1]
sur les frontières de Gallicie*. J’ai / acquis la Certitude que les journaux / les ouvrages et les correspondances / prohibés arrivent par cette / voie jusques dans l’intérieur de la / Pologne et à Varsovie même. / Les réfugiés et les émigrés l’emploient / et toutes les délibérations des / Comités Polonais* à Paris et à / Londres sont connus ici.


Feuillet 3

[Suite du feuillet 1]
Mais en voulant détruire cette / nationalité on a dépassé les bornes / et on a atteint sa vitalité. Aujourd'hui / la Pologne enfermée dans un cercle / de Douanes de restrictions de toute / espèce couverte de soldats Russes / n’a pas même se trouvant sans / communication avec l’étranger / ne peut pas même recourir / pour sortir de l’épuisement / moral où elle est a touchée aux / spéculations et au trafic commercial / qui pourraient faire diversion / aux maux politiques qu’elle a soufferts.
V E. doit comprendre que cet état de / choses entretient des mécontentements, / impuissants il est vrai, mais qui / suffisent pour donner de l’ombrage / aux autorités Russes. Ce qu’on / redoute le plus ce sont les femmes / et les paysans ; en eux est / concentré l’esprit Polonais. Le / Moscovite est toujours pour eux un / objet de haine et si la partie / active de la nation si les chefs de / famille si les xxmmes* en un mot / acceptent la domination Russe / il est bien difficile que celle-ci / ne s’établisse pas à tout jamais. On ne doit pas oublier cependant / [que] la l’héroïque résistance que l’armée a

[en marge, perpendiculairement]

faite en 1830 est due en grande partie aux dames polonaises qui se sont conduites avec une énergie / que la défaite n’a point anéantie. Ce sont elles qui entretiennent dans les salons de Varsovie les / lueurs d’opposition qui y apparaissent de temps en temps. La génération actuelle est donc soumise et l’on / s’attache à rendre celle qui suivra, dévouée. Pour arriver à ce but on veut substituer xx xxxx au / langage et à la religion les mœurs, le langage et la religion Russe. La connaissance de cette dernière / langue est devenue indispensable pour entrer dans l’armée ou dans l’administration. Le / code de lois qui est un mélange confus du Code Napoléon et des traditions polonaises va être / soumis à une révision Russe. Les enfants soit volontairement soit arbitrairement sont envoyés dans / des Colonies Militaires et bien que je n’aie pu m’assurer par quel moyen cet enlèvement s’opérait / j’ai vu que deux fois par an un transport partait de Varsovie emmenant 3 à 400 enfants xxxxx / pour leur famille »


Notes
*Anatole Brenier (1807-1885), consul de France à Varsovie de 1837 à 1841. Voir la page La représentation diplomatique de la France à Varsovie au XIXème siècle 
*Mathieu Molé (1781-1855), ministre des Affaires étrangères (et président du Conseil) du 6 septembre 1836 au 31 mars 1839
*l’Empereur : Nicolas 1er (Nicolaï Pavlovitch Romanov, 1796-1855), tsar de Russie et roi de Pologne après la mort de son frère Alexandre 1er en 1825 ; couronné roi de Pologne en 1829 à Varsovie ; déchu du trône de Pologne par la Diète en janvier 1831
*le Maréchal P. : Ivan Paskevitch (Ivan Fiodorovitch Paskevitch, 1782-1856), en polonais Iwan Paskiewicz) ; militaire russe ; nommé maréchal en 1829 après le traité d’Andrinople entre la Russie et la Turquie ; commandant de l’armée russe lors de la prise de Varsovie en septembre 1831 ; vice-roi (en polonais : namiestnik) du royaume de Pologne de 1831 à 1856 ; titré « comte d’Erevan », « prince de Varsovie »
*xxmmes : « femmes » ou « hommes »




Création : 8 janvier 2016
Mise à jour : 
Révision : 
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les archives du consulat de France à Varsovie (1828-1851)
Page : D72
Lien : http://archivesvarsovie18281851.blogspot.fr/2017/01/consul-ministre-royaume-de-pologne.html



























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